En 2023, Europlasma a annoncé une nouvelle levée de fonds, malgré une capitalisation boursière en chute libre depuis cinq ans. Une restructuration a été validée alors que la société affichait un endettement dépassant son chiffre d’affaires.
Des contrats publics sont maintenus, alors même que les rapports financiers font état d’incertitudes sur la continuité d’exploitation. Les actionnaires historiques se retrouvent dilués, tandis que la direction affirme viser la rentabilité dès l’exercice suivant.
Plan de l'article
Où se situe Europlasma aujourd’hui ? Un regard sur sa trajectoire récente
Europlasma occupe une place bien à part dans la galaxie de l’industrie française. Spécialiste du traitement des déchets dangereux et de la valorisation énergétique, le groupe a affiché ces dernières années une ambition affichée de reconquête industrielle. Rachats de la Fonderie de Bretagne, des Forges de Tarbes, de Valdunes : chaque opération dessine la volonté de redéployer des savoir-faire sur le territoire. Mais derrière les annonces, la réalité financière reste tendue. La capitalisation boursière d’Europlasma sur Euronext Growth Paris s’est effritée ; le chiffre d’affaires ne suit pas l’envergure des acquisitions.
Aux commandes, Jérôme Garnache Creuillot revendique une stratégie de relance, mais chaque reprise d’usine pèse sur la structure du groupe. Relancer des sites industriels, souvent en difficulté, exige des investissements massifs et une vision de long terme. La rentabilité, régulièrement annoncée comme imminente, tarde à se concrétiser. À chaque rachat, la communication mise sur la renaissance industrielle, mais le compte n’y est pas encore.
Voici les axes qui structurent la dynamique actuelle du groupe :
- Multiplication des reprises de sites industriels majeurs, à l’image de la Fonderie de Bretagne, des Forges de Tarbes et de Valdunes
- Orientation affirmée vers la valorisation des déchets et la relocalisation des activités industrielles
- Forte dépendance aux marchés publics et à un cadre réglementaire stable
Europlasma incarne à sa manière la tension permanente entre ambitions de souveraineté industrielle, impératifs de rentabilité et défis de financement. Les marchés observent chaque mouvement à la loupe, interpellés sur la capacité de l’entreprise à faire rimer relance industrielle et stabilité à long terme.
Quels défis majeurs pour l’entreprise face à l’évolution du secteur ?
Le schéma financier d’Europlasma reste sous pression. L’entreprise doit sans cesse arbitrer entre la nécessité de financer son développement et la volatilité de son cours en bourse. Les émissions d’OCABSA, ces obligations convertibles en actions, souscrites majoritairement par Alpha Blue Ocean, se sont multipliées, modifiant en profondeur la structure de l’actionnariat. Résultat direct : les actionnaires se voient dilués au fil des tours de table. Cette dynamique nourrit le scepticisme des investisseurs historiques.
Enjeu | Conséquence |
---|---|
Recours massif aux OCABSA | Dilution du capital, pression sur le cours |
Dépendance au financement alternatif | Endettement, exposition accrue à la volatilité |
La dette d’Europlasma s’alourdit à mesure que se succèdent les opérations dilutives. L’Autorité des marchés financiers veille au grain, pointant la nécessité de transparence et s’interrogeant sur la viabilité du modèle. Pour les investisseurs à la recherche d’un rendement, la perspective d’un dividende reste lointaine, ce qui limite l’attrait du titre.
Le manque de visibilité sur la capacité à stabiliser les flux de trésorerie et à sortir de la spirale des financements dilutifs alimente la prudence. Chaque levée de fonds, chaque communication sur les choix de financement, devient un test de confiance pour ceux qui suivent Europlasma de près.
Perspectives d’avenir : innovations, marchés et stratégies en jeu
Le futur d’Europlasma se joue sur le terrain de la technologie plasma. C’est là que la société mise son avantage concurrentiel, avec la maîtrise de la torche à plasma et des procédés de gazéification. Ces technologies placent Europlasma au cœur des réflexions sur la décarbonation industrielle, un créneau où peu d’acteurs européens peuvent se positionner sérieusement. Pour autant, l’avance technique doit être consolidée par une innovation constante et des applications industrielles concrètes.
L’accord avec Beijing AptBlaze Technology marque un tournant vers l’Asie, marché où la gestion des déchets et la production d’énergies renouvelables progressent à grande vitesse. Cette alliance illustre la volonté du groupe de se renforcer à l’international, en associant croissance externe et co-développement. Elle n’a rien d’anecdotique pour qui scrute la stratégie du groupe.
L’intégration des sites industriels récupérés lors des rachats récents (Fonderie de Bretagne, Forges de Tarbes) traduit un choix assumé pour la relocalisation industrielle. La diversification, notamment vers la production d’obus et le secteur de la défense, élargit le champ d’action du groupe. Mais cette ouverture ne fait pas disparaître les obstacles : améliorer l’offre technologique, sécuriser les chaînes d’approvisionnement, et réussir l’intégration des nouveaux sites restent des défis majeurs.
La recherche et développement s’impose comme l’ossature de la stratégie. Pour Europlasma, l’enjeu est double : déployer de nouveaux procédés autour du plasma, et répondre sans délai à la pression de la transition énergétique. La concurrence internationale, elle, ne laisse aucun répit.
Points de vigilance pour les investisseurs et parties prenantes
La volatilité du titre Europlasma, sur Euronext Growth Paris, ne cesse de susciter des interrogations. Les variations de cours, parfois marquées, sont souvent accentuées par les mouvements de fonds comme Alpha Blue Ocean à travers les OCABSA (obligations convertibles accompagnées de bons de souscription d’actions). Les porteurs du code ISIN Europlasma, qu’ils interviennent via Trade Republic, eToro ou par l’intermédiaire de comptes PEA/PEA-PME, suivent ces évolutions de près.
Voici les principaux points de vigilance à garder à l’esprit :
- Dilution actionnariale : avec la succession de levées de fonds, la valeur des parts détenues par les actionnaires historiques recule, ce qui alimente les incertitudes.
- Absence de dividende Europlasma : la stratégie du groupe donne la priorité au réinvestissement, une orientation qui peut refroidir ceux qui cherchent un rendement immédiat.
- Dette et financement Europlasma : la structure financière reste vulnérable, avec un équilibre délicat à trouver entre remboursement de la dette et investissements dans l’innovation.
- Supervision de l’Autorité des marchés financiers : la régulation impose une transparence accrue, mais le rythme des opérations financières met à l’épreuve la confiance du marché.
La liquidité du titre, rendue possible par sa cotation sur Euronext Growth Paris, ne protège pas des secousses soudaines, ni des questions sur la viabilité du modèle économique. Les risques liés à l’investissement dans Europlasma s’expriment autant dans cette instabilité que dans la capacité de la direction, sous l’impulsion de Jérôme Garnache Creuillot, à tenir la barre sur la durée. Reste à savoir si la promesse industrielle tiendra tête aux tempêtes financières qui s’annoncent.